La formation des mythes
Robert Graves, qui a été profondément influencé par la mythographie de James George Frazer Le Rameau d'or, considère que les mythes sont créés par les nombreux besoins culturels.
Les mythes légitiment les fondements culturels d'une tribu, d'une ville ou d'une nation en les reliant à des vérités universelles. Par exemple, les mythes justifient l'occupation d'un territoire par un peuple particulier.
Toutes les cultures ont développé leurs propres mythes se composant des récits de leur histoire, de leurs religions, et de leurs héros. La grande importance de la signification symbolique de ces récits dans la culture explique pourquoi ils survivent si longtemps, parfois des milliers d'années. François-Bernard Mâche distingue le mythe, vu comme une image psychique primordiale, avec la mytho-logie, c'est-à-dire un système de mots essayant avec un succès variable d'assurer une certaine cohérence entre ces images[2].
Joseph Campbell est un des auteurs récents à écrire au sujet des mythes et de l'histoire de la spiritualité. Son livre le héros aux mille visages paru en 1948 décrit les idées fondamentales qu'il a continuées à élaborer jusqu'à sa mort en 1987.
Autres concepts:
Les mythes ne sont pas identiques aux fables, légendes, folklores, contes, anecdotes ou fictions mais les concepts peuvent se superposer. Par exemple pendant l'époque du romantisme, des contes de fées et des récits folkloriques ont été perçus comme des fragments érodés d'une ancienne mythologie (notamment par les frères Grimm et Elias Lönnrot).
Les thèmes mythologiques sont souvent consciemment utilisés dans la littérature, à commencer par Homère. L'œuvre résultante peut expressément se rapporter à une origine mythologique sans pour autant en devenir une partie (par exemple Cupidon et Psyché). Au Moyen Âge le roman courtois utilise particulièrement ce processus de transformation du mythe en littérature.
L'évhémérisme se rapporte au processus de rationalisation des mythes, mettant des thèmes autrefois imprégnés avec des qualités mythologiques dans des contextes pragmatiques, par exemple en suivant un changement de paradigme culturel ou religieux (notamment la réinterprétation de la mythologie païenne suivant l'essor de la chrétienté). Réciproquement, les documents historiques et littéraires peuvent acquérir des qualités mythologiques avec le temps, par exemple la matière de Bretagne et la matière de France qui sont basées respectivement sur des événements historiques du Ve et du VIIIe siècle, ont d'abord été de la poésie épique avant de devenir partiellement des mythes dans les siècles suivants. La « génération consciente » de la mythologie a été nommée Mythopoeïa par J. R. R. Tolkien[3] ainsi que par l'idéologue Nazi Alfred Rosenberg.
Mythologie moderne:
Des films et des livres comme La Guerre des étoiles et Tarzan peuvent avoir des aspects mythologiques forts qui se développent parfois en systèmes philosophiques profonds et complexes. Ces histoires, bien que n'étant pas de la mythologie, contiennent des thèmes mythiques qui satisfont les besoins psychologiques similaires de certaines personnes. Un exemple d'un système mythologique fictif est celui développé par J. R. R. Tolkien dans le Silmarillion et le seigneur des anneaux. En outre, des fans emploient parfois le terme de mythologie pour se référer à un monde fictif complexe comme la série Star Trek.
Cependant, la fiction n'atteint pas le statut réel de mythologie tant que les gens ne croient pas que c'est vraiment arrivé. Par exemple, certains croient que le film de l'auteur de fiction Clive Barker Candyman est basé sur une histoire vraie, et de nouvelles histoires ont grandi autour du mythe. Il en va de même pour des films comme Le Projet Blair Witch ou d'autres histoires du même type. Beaucoup de mythes contemporains produits ont acquis le statut de légende urbaine.
Le mot est également employé communément pour se rapporter au système de valeur contemporain, rarement remis en question, particulièrement lorsque il est vu comme idéologique ou socialement construit (par exemple, "la mythologie de l'amour"). Dans les années 1950, le penseur structuraliste français Roland Barthes publia une série d'analyses sémiotique de tels mythes modernes et du processus de leur création, rassemblées dans son livre Mythologies.
Certains mouvements, afin de consolider leurs ancrages historiques anciens, ont eu recours au fakelore, par exemple la wicca.